Faire vivre l'innovation logistique

Fabien Marande, Directeur commercial adjoint du groupe PAPREC
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Laurène Matzeu De Vialar (Voxlog)
Bonjour à toutes et à tous, nous sommes au cœur de Paris, au siège du groupe Paprec, avec Fabien Marande, son directeur commercial adjoint. Bonjour Fabien. Bonjour Lorraine. Alors, nous sommes ici pour parler d’innovation dans le cadre de la saison d’ID Logistics. La première question que j’ai envie de vous poser, c’est quelle place occupe l’innovation dans l’ADN et également le développement du groupe sur ces 20-30 dernières années ?

Fabien Marande (PAPREC)
Pour faire simple, l’innovation chez Paprec, elle est au cœur de nos considérations et de notre métier. On œuvre depuis 30 ans à moderniser des structures de tri, des structures de recyclage, à moderniser l’approche qu’on peut avoir avec nos clients, tant dans le matériel qu’on peut être amené à déployer sur leur site pour leur permettre de gérer les déchets, les moyens qu’on leur met à disposition pour les collecter et travailler sur ce sujet primordial pour nous qui est l’impact carbone des transports et ce qu’on leur met à disposition en termes d’outils pour comprendre, piloter et améliorer leur gestion de déchets. Pour faire simple, on est un groupe qui réalise 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires et en 30 ans, pour 1 euro de chiffre d’affaires, on a à peu près mis sur la table 1 euro d’investissement. Donc, moderniser nos usines de tri, de préparation de matières, moderniser, innover dans nos usines de transformation de matières pour produire des matières premières secondaires qui permettent d’éviter la consommation d’énergie de première fonte, l’utilisation d’énergie fossile, de matières premières vierges et moderniser notre approche client par ce qu’on leur met à disposition en termes d’outils. et de moyens pour performer dans leur gestion de déchets.

Laurène Matzeu De Vialar (Voxlog)
Alors vous parlez d’approche client, justement, pour parler de votre client, est-ce qu’on peut parler, quand vous évoquez tous ces sujets, de co-construction de projets innovants ? Et je pense d’ailleurs évidemment à la participation au Challenge SIX avec ID Logistics.

Fabien Marande (PAPREC)
Oui, tout à fait. Ça fait partie, là encore, de notre ADN d’essayer de construire, de co-construire des projets avec nos grands partenaires dans le monde de la logistique. Je reviens à quelque chose de très basique. Nos clients nous demandent d’évacuer des flux de déchets, d’être en mesure de concevoir des dispositifs de tri en cohérence avec leurs organisations, leurs contraintes d’équipe, leurs contraintes humaines, leurs contraintes de production. Et derrière, les évacuer pour les transférer dans nos usines, les préparer, les recycler, les travailler comme ce que je vous ai présenté. Un des enjeux pour le monde de la logistique, c’est d’améliorer les transports et les collectes de ces déchets pour réduire l’impact carbone des collectes. C’est une part très importante, en tout cas, de l’émission CO2 des prestations en lien avec la gestion des déchets. Et on a co-construit avec le groupe ID Logistics des projets pour gérer de manière digitalisée les niveaux de remplissage des machines pour gérer les déchets qu’on déploie sur les sites. Le contrôle de l’état de ces machines, le contrôle des niveaux de remplissage, quand est-ce qu’il faut les collecter. L’idée étant de collecter… un maximum de tonnes quand on se présente, d’avoir ce qu’on appelle un ratio tonnage moyen transporté le plus haut possible et de fait, d’avoir un rapport d’émissions CO2 le plus optimisé possible. Et le projet qu’on est en train de co-construire et de déployer, on a commencé il y a quelques années avec quelque chose qu’on maîtrisait déjà, c’est-à-dire la télégestion des systèmes de compaction, des machines qui poussent le déchet, le carton, le plastique, ce qu’on appelle des compacteurs. Aujourd’hui, on passe à une deuxième étape, c’est comment on contrôle le niveau de remplissage de bennes ouvertes qui sont sur site, qui permettent aussi de se décharger de toute responsabilité d’avoir à demander un enlèvement, une collecte. Donc ça c’est un premier avantage opérationnel et un système qui permet de contrôler le niveau de remplissage quand est-ce que nous on doit intervenir pour venir collecter des contenants pleins et en parallèle ça nous permet d’avoir un contrôle visuel des contenants, améliorer la sécurité, améliorer l’intervention de nos équipes de collecte sur site et signifier à nos partenaires et en l’occurrence au site ID Logistics, toute problématique associée à l’évacuation des déchets et l’utilisation des bennes qui sont en place. Donc ce projet, on va le lancer dans à peu près un mois et demi. On est convaincus, en tout cas, que ça va produire des effets bénéfiques sur le nombre de collecte, les émissions de carbone. Et typiquement, ça c’est un projet qu’on a réfléchi, qu’on a présenté à ID Logistics, qu’on a travaillé avec eux, on a échantillonné les sites qui pouvaient être intéressés en analysant les données, en se disant et en se posant les bonnes questions sur dire entre investissement, retour sur investissement, intérêt opérationnel. Du coup, j’espère que ça fonctionnera. On en est convaincus et le test, en tout cas la conclusion du test, nous le dira dans quelques mois.

Laurène Matzeu De Vialar (Voxlog)
Alors, il y a un sujet qui est très important dans notre secteur, celui de la logistique, et je pense que vous l’avez évoqué en filigrane, c’est celui de la gestion des données. Comment est-ce que vous travaillez sur ce sujet-là et quel apport et quel bénéfice est-ce que vous pouvez apporter à vos clients ?

OFabien Marande (PAPREC)
Deux choses qu’il faut comprendre dans la gestion de données. Il y a un enjeu aujourd’hui. On vit une période d’inflation très importante. Je crois qu’en France, on vit une période d’inflation administrative aussi très importante. Ce qui est demandé en termes de traçabilité est de plus en plus important pour les détenteurs et les producteurs de déchets. Et on a décidé depuis un certain nombre d’années de mettre à disposition des systèmes d’analyse de données, de traduction de ce qu’on fait au quotidien pour nos clients en termes d’opérationnalité, de tonnage enlevé, collecté, traité, recyclé, valorisé et donc de créer des systèmes de reporting qui leur permettent d’avoir et d’obtenir les informations qui leur sont nécessaires à la fois pour produire leurs rapports mais surtout pour comprendre leur situation de déchet. Et donc on a beaucoup travaillé sur la gestion de données, la création de reporting, de reporting digitalisé, la création de toute une politique de communication auprès de nos clients, auprès d’ID Logistics, pour leur donner la bonne information au bon moment, pour qu’ils puissent comprendre leur situation déchet, le résultat atteint à date, en termes de taux de tri, en termes de valorisation des déchets, en lien avec les filières qu’on peut leur mettre à disposition, et de comprendre aussi les problématiques sur lesquelles il faut qu’ils travaillent pour qu’on performe encore plus. Et on a développé tout un système de digitalisation de données, de reporting, de registre des déchets associés, de bilan carbone associés, ça c’est une nouveauté depuis quelques années, qui leur permettent d’appréhender tout l’environnement déchet, tout ce qu’on réalise avec eux, tout ce qu’on gère avec eux, toutes les matières qu’on va recycler, transformer, préparer avec eux, et tous les points qui leur permettent en tout cas d’étudier l’amélioration en continu de leur gestion des déchets. Et donc aujourd’hui, dans le paysage déchet, dans la gestion des déchets, on considérait nous depuis très longtemps que c’était indispensable d’être doté d’un système d’information qui permette aux uns et aux autres de comprendre la situation et d’avoir un système de communication en lien avec cette information qui permettent de comprendre et d’agir et de fait on a beaucoup travaillé sur la gestion de données et je pense qu’aujourd’hui on a quelque chose de très abouti qui permettent de consolider de comprendre la performance et de travailler toujours à aller un petit peu plus loin et aller gagner les points de valorisation, les points de tri et la maîtrise évidemment budgétaire de sa gestion de déchets

Laurène Matzeu De Vialar (Voxlog)
Autre sujet, celui de la valorisation énergétique. Elle s’avère prégnante, cette valorisation. Comment est-ce que vous portez cette thématique qui est aussi innovante finalement que nécessaire aujourd’hui ?

Fabien Marande (PAPREC)
Alors, pour revenir à l’histoire du groupe, on a construit pendant 25 ans un outil industriel qui permet de trier et de recycler et de transformer la matière, de produire des matières premières secondaires en substitut des matières premières vierges et de fait d’éviter la consommation d’énergie fossile, les énergies de première fonte. Il y a quelques années, on s’est doté d’un savoir-faire, on a créé une division, Paprec Energies, dans l’idée simple et dans cette volonté de produire un combustible permettant la production d’énergie, de chaleur, d’électricité avec le déchet. De faire tout simplement du déchet un combustible en substitut de l’utilisation des énergies fossiles. Ça s’intègre pleinement dans la feuille de route qui nous est tracée, qui nous est définie par les grands fondements réglementaires et au-delà des grands fondements réglementaires, cette feuille de route qui nous est tracée par le besoin qu’on a à l’échelle nationale comme à l’échelle planétaire de décarboner nos industries, de limiter la consommation d’énergie fossile et de fait de limiter le réchauffement climatique. Donc le groupe Paprec avec cette nouvelle division énergie est venu compléter toute sa chaîne de valeurs entre la transformation de la matière, le recyclage et désormais la production d’énergie, qu’on appelle la production d’énergie bas carbone, d’énergie verte qui va nous permettre d’apporter une solution à nos clients, à nos grands partenaires, de dire tout votre déchet qui n’est pas recyclable, on sait en faire quelque chose, on sait en faire de l’énergie, de l’énergie verte, décarbonée, qui va participer et qui va vous faire participer et nous faire participer à tout cet effort qui est nécessaire, tous ensemble, de, ce que je disais tout à l’heure, de décarboner l’industrie, de décarboner nos activités et de limiter notre impact sur l’environnement. C’est très important pour nous, c’est une alternative qu’on met à disposition de nos clients via aujourd’hui un vrai savoir-faire du groupe, dans sa conception, on sait concevoir des unités de valorisation énergétique, on sait les exploiter, on sait les approvisionner, et de fait, on sait apporter de nouvelles solutions aux collectivités, aux industriels, à partir du déchet non recyclable pour produire de l’énergie. Et tout ça, ça s’inscrit évidemment dans ce que je disais, l’objectif de décarbonation et une thématique qui a pris de plus en plus d’importance ces dernières années dans le contexte international d’indépendance énergétique, de retrouver notre indépendance énergétique et tout simplement de participer à la feuille de route environnementale de réduction du réchauffement climatique.

Laurène Matzeu De Vialar (Voxlog)
Est-ce que ces sujets-là parlent aux industriels, aux logisticiens aujourd’hui ?

Fabien Marande (PAPREC)
Pleinement et totalement. Je dirais que dans la considération aujourd’hui, quand on refait l’histoire, un industriel, il y a 15 ans, nous demandait d’évacuer ses déchets, puis de nous demander de concevoir des systèmes totalement intégrés à ces systèmes de production, puis ensuite d’améliorer la collecte, donc d’améliorer les émissions, de valoriser les matières, de les traiter via des filières vertueuses. Et aujourd’hui, une des grandes préoccupations des grands industriels, c’est d’avoir un résultat, une performance environnementale la plus vertueuse et la plus élevée possible en termes de taux de valorisation. Et les solutions qu’on apporte font écho à cette demande chez les industriels. C’est aujourd’hui « apportez-moi une solution pour recycler les matières que je peux vous confier et trouvez-moi une solution de valorisation énergétique pour les matières qui ne peuvent pas se recycler aujourd’hui » parce que le contexte technico-économique ne le permet pas. Et oui, ça fait écho chez les industriels et c’est primordial aujourd’hui, en tout cas dans la feuille de route, dans le projet industriel qu’on est capable de proposer aux uns et aux autres et évidemment qu’ils sont tous en attente de cette capacité-là et d’être accompagnés pour avoir une performance et produire une performance la plus élevée possible.

Laurène Matzeu De Vialar (Voxlog)
Alors pour finir, si on doit résumer, quels sont là, très concrètement, les objectifs, on va dire à échéance 2030 pour Paprec ?

Fabien Marande (PAPREC)
Pour Paprec, c’est de continuer à évidemment se développer, continuer à moderniser les outils qu’on a commencé à construire depuis 30 ans, il y a 30 ans, et c’est de continuer à rendre nos solutions les plus vertueuses possibles, les moins émettrices en CO2 possibles, les plus adaptées aux besoins et aux attentes de nos partenaires, de nos clients et d’offrir une solution environnementale la meilleure possible dans les années à venir, tout simplement.

Laurène Matzeu De Vialar (Voxlog)
Merci beaucoup Fabien pour cet entretien.

Fabien Marande (PAPREC)
Merci Laurène.

Laurène Matzeu De Vialar (Voxlog)
Au revoir.